Orange

Baromètre social : loin du réel

Le baro­mètre social du 1er se­mestre 2015 dresse un bilan très positif : 92 % des salariés sont «fiers de travailler chez Orange», 59 % estiment que la qualité de vie au travail y est meilleure que dans les autres entreprises. 86 % recommande­raient Orange comme «une entreprise où il fait bon travailler». Et Bruno Mettling se félicite : «Cinq ans après la crise, le baromètre affiche ses meilleurs résultats depuis 2010, sur l’adhésion aux valeurs de l’entreprise, les conditions de travail, la rémunération et le management». Pourtant les tensions sont palpables dans les services où le manque de personnel rend les conditions de travail de plus en plus difficiles. Nous constatons que le baromètre ne reflète pas la réalité du terrain. Il y a urgence à ce que la Direction en prenne conscience, qu’elle crée les emplois nécessaires et corrige les dysfonctionnements. Par exemple ceux liés aux réorganisations incessantes et à la digitalisation réalisée à marche forcée (ainsi, 51% des personnels identifient le respect de l’équilibre vie privée/vie professionnelle comme un enjeu).

Orange obligée d’entretenir les lignes téléphoniques fixes

L’Assemblée nationale a adopté mi mai à l’unanimité, avec le soutien du gouvernement, une proposition de loi accroissant les obligations, mais aussi les moyens juridiques, d’Orange pour entretenir le réseau des lignes téléphoniques fixes. Qualifiant d’utilité publique les opérations d’entretien des réseaux, le texte alourdit les amendes que peut prononcer l’ARCEP en cas de défaillance : jusqu’à 5% du chiffre d’affaires (contre 3% actuellement) et jusqu’à 10% (au lieu de 5%) en cas de récidive. L’opérateur historique devra remettre à l’ARCEP un rapport sur l’état des lieux détaillé de son réseau fixe, dont les élus locaux pourront avoir communication, à condition que cela ne porte pas atteinte au secret des affaires. Enfin, la proposition de loi rétablit au profit d’Orange «la servitude d’élagage» supprimée il y a une vingtaine d’années, c’est-à-dire la possibilité pour l’opérateur de faire élaguer à la place des propriétaires de terrains des branches d’arbres menaçant les lignes téléphoniques, et permet au maire de se substituer à l’opérateur le cas échéant. FOCom ne peut que réjouir qu’il soit mis fin à une dégradation du réseau faite d’entretien dans des zones rurales souvent encore dépourvues de couverture mobile et où l’accès à l’internet passe quasiment exclusivement par le réseau cuivre d’Orange. Nous réclamons que les moyens soient à la hauteur de ces légitimes obligations qui doivent être considérées comme du service public et compensées comme tel.

Les emplois encore sacrifiés

En 2014 les emplois directs des opérateurs ont diminué de 3 200 pour tomber à 122 000. Ce chiffre ne prend en compte ni les distributeurs, ni les entreprises prestataires de services (consultants, sociétés d’études, centres d’appels), ni les équipementiers. L’investissement a également chuté de 3,5%, il est estimé à 6,9 milliards d’euros. Les revenus sont en recul de 3,4% à 36,8 milliards d’euros hors taxes. En cause principalement, outre les nombreux plans de restructuration : les prix dans le mobile en baisse de 10 % en 2014 après une chute de 26,3 % en 2013. Depuis l’irruption, en 2012, de Free sur le marché avec ses tarifs sacrifiés, cela représente environ 6 ou 7 milliards. Aucun secteur industriel n’a connu un recul de ses prix de 40 % en trois ans ! Une aberration quand on connaît l’effort demandé dans le même temps à ce secteur en termes d’investissement, en particulier dans le très haut débit et l’innovation (chiffres publiés par l’Arcep le 28 mai).

AG des actionnaires : les bénéfices phagocytés

Les actionnaires d’Orange viennent de recevoir le dossier préparatoire à l’assemblée générale du 27 mai. Une des résolutions propose que le “bénéfice distribuable” soit constitué, outre du bénéfice de l’exercice, du report à nouveau créditeur, ce qui donne au total 3,94 Mds €. Cela permet de distribuer aux actionnaires plus que le bénéfice de l’exercice en cours.
De fait, c’est ce qui risque d’arriver avec un dividende à 0,60 € par action comme proposé au vote, sachant que le bénéfice de 2014 s’élève à 1,742 Milliard €.
FOCom exprime à nouveau son opposition à de tels choix alors que pèse une énorme pression sur les coûts, et sur les personnels en premier lieu. Et alors que les investissements d’aujourd’hui conditionnent l’avenir de notre entreprise et de nos emplois. On imagine ce qui aurait pu être accompli ne serait-ce qu’avec une partie des 7,83 Mds de dividendes versés ces 3 dernières années (3,68 Mds en 2011, 2,05 Mds en 2012 et 2,1 Mds en 2013).

Une nouvelle “amende record” contre Orange ?

Orange a indiqué avoir reçu de l’ARCEP une notification de griefs pour “discrimination sur le marché de gros fixe, pratiques de fidélisation sur le marché mobile entreprise et rabais exclusifs sur le marché data (données) entreprise”. La rapporteure générale de l’Autorité de la concurrence a cependant indiqué que “L’envoi d’une notification de griefs ne préjuge en rien de la suite de la procédure” indiquant que le collège de l’Autorité “appréciera seul et en toute indépendance si les pratiques constituent une infraction aux règles de concurrence et se prononcera sur la sanction éventuelle”. Plusieurs centaines de millions d’euros d’amende sont évoqués par la presse. FOCom s’insurge une nouvelle fois contre une logique concurrentielle stupide… au moment où l’opérateur a besoin de toutes ses ressources pour relever le défi du THD.