Orange

A propos de la rumeur de fusion entre Orange et Deutsche Telekom

Un rapprochement entre Orange et Deutsche Telekom revient une nouvelle fois sur le tapis après une première tentative échouée entre mai et septembre 2017. Selon le quotidien allemand Handelsblatt, l’opérateur allemand examinerait actuellement cette possibilité, son PDG y voyant “d’énormes synergies à exploiter”. La Direction d’Orange a immédiatement démenti. Si Stéphane Richard a déjà évoqué une nécessaire consolidation à l’échelle européenne afin d’atteindre une taille critique permettant de mieux affronter des mastodontes comme les GAFAM… FOCom s’est déjà inquiétée des conditions de telles opérations qui ne doivent se faire que dans le respect des personnels, de leur statut, de leurs conditions de travail et des emplois. Dans le cas présent la dissymétrie est flagrante entre l’opérateur allemand qui est valorisé à 72 milliards d’euros contre 40 milliards pour Orange. Il y a également la participation des Etats dans les capitaux respectifs avec les fortes implications politiques qui en résultent. Et enfin si les deux opérateurs restent partenaires de longue date notamment sur les infrastructures et dernièrement le développement en duo de l’enceinte connectée Djingo, il reste que chacun a son histoire. Nous nous opposerions en particulier à une tentative de séparation des réseaux et des services au prétexte d’une fusion d’opérateurs.

Orange 2025 : vers une séparation des infrastructures ?

La presse annonce depuis quelques jours qu’un projet de séparation du réseau mobile serait en cours à Orange. Ce projet de « tower co » a déjà été réalisé par la plupart des grands opérateurs concurrents pour des raisons de valorisation boursière. Dans le cas d’Orange, la valeur des infrastructures mobiles, à l’échelle internationale, représenterait environ 10 milliards d’euros. On comprend que cela aiguise les appétits. Pour FOCom il est indispensable qu’Orange garde la maitrise de ses infrastructures. Orange est avant tout un opérateur d’infrastructures et c’est sur elles que le Groupe s’appuie pour développer ses relais de croissance. S’en séparer serait un risque majeur. FOCom veillera à ce que les projets à venir, en particulier dans le cadre de la stratégie 2025, ne remettent pas en cause ce principe.

Résultats trimestriels d’Orange : à l’aube d’un nouveau modèle ?

Les résultats trimestriels rendus publics ce jour montrent une évolution contrastée de l’activité du Groupe. La croissance globale du chiffre d’affaires s’améliore au T3 à +0,8%, surtout portée par la zone Afrique et Moyen-Orient. En revanche, l’EBITDAal (l’excédent brut) croit moins vite (+0,2%) du fait des moindres résultats en France et en Espagne. Pour ce qui concerne la France, si l’activité commerciale est solide, les chiffres reflètent l’intensité concurrentielle et le basculement de la structure opérationnelle d’Orange dans le cadre du remplacement du téléphone historique par le très haut débit. La réussite de la convergence se vérifie dans tous les pays. Le parc de client continue d’augmenter au niveau mondial avec une croissance particulièrement soutenue en Afrique. Le changement de modèle dans les pays historiques, et particulièrement la France avec la disparition du cuivre et l’instauration des RIP, est un enjeu critique qui devra être pris en compte dans le plan stratégique 2025. L’effort d’investissement devra être au moins maintenu et la croissance recherchée devra s’appuyer sur un personnel mobilisé et convaincu, donc bien traité et reconnu pour ses efforts.

La DO IDF, éclaireuse de la Vision 2025

La direction de la DO Ile de France a présenté aux managers et aux organisations syndicales son ambition stratégique à l’horizon 2022. Le projet a pour devise  « Ensemble N°1 » et pour ambition d’être « fiers de notre engagement collectif, sociétal et environnemental, nous sommes n°1 pour nos clients, plus forts sur tous nos marchés, et « éclaireurs » d’Orange opérateur multiservices ». Il concerne toutes les activités, y compris les marchés Pro, PME et Entreprises. Il s’agit de conquérir de 300 à 400 000 nouveaux clients Broadband et Mobile (principalement Grand Public) pour atteindre 5M de clients franciliens, de croître le parc client Multiservices de 25%, de diminuer l’indisponibilité des réseaux (Fixe, 4G/5G, Wifi) de 50%. Les salariés seront encore plus acteurs dans la coopération entre les services : les Mailles pour analyser et cibler finement les actions commerciales, les Lab pour la conduite de projet avec la méthode NEP  (Nouvel Expérience Projet) et les Franciliennes courroies de transmission des 2 premières qui s’inspirent des anciennes mailles précédant l’ancrage territorial). Mais surtout ils sont « promus » éclaireurs sur les nouveaux problèmes qu’ils rencontreront. Et des problèmes ils risquent effectivement d’en rencontrer ! Avec plus de 4 000 départs de CDI prévus entre 2019 et 2021, il y a lieu de s’inquiéter sur la faisabilité des objectifs extrêmement ambitieux donnés par la direction. A FOCom, nous sommes également très inquiets quant aux conditions dans lesquelles le personnel va devoir les atteindre ! Selon le dossier GPEC récemment présenté au CCUES, le déficit d’emplois par rapport aux besoins est estimé entre 1.448 et 2.317. Et l’annonce par le PDG du gel des recrutements pour 2019, malgré nos multiples alertes sur le manque de personnel et la dégradation des conditions de travail qui en découle, est un très mauvais signal quant aux intentions de recrutements à venir ! Pour autant nous ne relâcherons pas la pression.

Climat et numérique, quelles conséquences pour Orange ?

Parmi les nécessités affichées pour lutter contre le réchauffement climatique, la limitation de la production d’énergie carbonée figure en tête des actions à mener. Cette question est d’autant plus importante pour l’économie numérique que son développement rapide va engendrer une croissance importante la consommation électrique qui lui sera consacrée. Orange, qui est au cœur du numérique est évidemment en première ligne sur ce sujet et l’avenir de toutes les entreprises du secteur est conditionné à leur capacité à mettre en œuvre des techniques plus sobres voire, dans certains pays, à compenser leur consommation par le déploiement de production électrique décarbonée. C’est ce que le Groupe a commencé à faire et c’est une meilleure option que celle prise par certains acteurs qui préfèrent acheter des droits à polluer. Il faut toutefois accélérer car, outre les enjeux climatiques, dans un avenir proche, afficher une exemplarité sur ce sujet sera un facteur clé de compétitivité des entreprises à l’échelle internationale.