Italie : une loi travail qui détruit le CDI et ne crée pas d’emplois

drapeau_italieSelon le gouvernement italien, la flexibilisation du marché du travail introduite par le « Jobs Act » fait des miracles. Qu’en est-il en réalité ? La réforme a créé un nouveau type de contrat : le CDI « à protection croissante », avec une période d’essai de… trois ans, pendant laquelle l’employeur n’a donc pas à justifier la rupture du contrat. Les indemnités de licenciement sont croissantes (de 4 à 24 mois de salaire) en fonction de l’ancienneté du salarié dans l’entreprise.
Lors de son passage à Paris le 30 mars, le ministre du travail Pier Carlo Padoan a déclaré que la réforme avait permis de créer « plus d’emplois que prévu ». Le gouvernement italien oublie juste de préciser que la loi de Finances de 2015 exonère les employeurs de cotisations sociales sur ce type de contrat pendant trois ans. Un constat s’impose d’ores et déjà : de nombreuses entreprises ont préféré attendre que les exonérations de cotisations sociales soient appliquées pour embaucher et de très nombreux CDD ont été transformés en nouveaux CDI pour en bénéficier.
Sur la base des données de la région de Vénétie, une étude de la Banque d’Italie d’octobre 2015 estime que « ces mesures seraient à l’origine d’environ un quart de la progression de l’emploi dans le pays, le reste s’expliquant pour l’essentiel par l’évolution de l’activité économique. » L’année 2015 a en effet été marquée par une reprise de la croissance (+ 0,6 %) après trois années de croissance négative. Les exonérations sociales expliqueraient les deux tiers des emplois créés.
Le nombre de chômeurs en Italie est passé de 1,4 million à 3,2 millions en janvier 2014, soit 1,8 million de plus. Depuis 2 ans, le nombre de chômeurs n’a diminué que de 304 000. Un sixième seulement des emplois perdus pendant la crise ont donc été récupérés. Et rien ne garantit qu’il s’agisse d’emplois durables. De plus, les statistiques ne tiennent pas compte du chômage « caché » : beaucoup d’Italiens, comme dans d’autres pays, découragés, ne cherchent même plus un emploi et n’apparaissent donc plus dans les statistiques des demandeurs d’emploi.