Plan de relance : peut-il sauver le numérique ?

Dans le cadre du « plan de relance », le gouvernement a décidé de consacrer près de 8 milliards d’euros pour soutenir l’économie numérique. Nous ne pouvons que nous en féliciter tout en espérant que cet argent sera mieux utilisé que lors des différents plans égrenés depuis une dizaine d’années. Ainsi le Plan Très Haut Débit, conçu par l’inénarrable président de l’ARCEP, Sébastien Soriano, alors directeur de cabinet de Fleur Pellerin, a englouti des milliards d’Euros d’argent public pour aboutir à un retard d’équipement notoire. La fibre optique, censée couvrir 70 % de la population dès 2020, dessert à peine plus de50 % des Français. Et la France pointe à la 16ème position en nombre d’abonnés à la fibre, selon le FTTH Council Europe. Les 240 millions ajoutés aujourd’hui par le gouvernement pour le déploiement de la fibre ne résoudront pas le défaut originel du plan : la balkanisation via une multitude de réseaux fibre locaux (les RIP), afin d’empêcher Orange d’avoir la maîtrise du réseau.

Le plan de relance prétend aussi à l’émergence d’acteurs de taille suffisante pour tenir une place à l’échelle internationale et garantir la souveraineté numérique nationale et européenne. Toutefois le principal obstacle à cet objectif demeure : la logique de l’Union européenne basée exclusivement sur la concurrence et le consumérisme empêche tout développement de champions européens laissant ainsi la place aux GAFAM. L’argent du plan de relance n’y changera rien tant qu’une logique industrielle ne substituera pas à la politique ultralibérale de l’UE.