Vie au travail

Négociations 2021 : cadence infernale et incertitudes

Pas moins de 14 négociations sont programmées cette année, le calendrier vient d’être présenté aux organisations syndicales. Trois négociations sont déclarées « prioritaires » par Gervais Pellissier, Directeur Général People et Transformation : la Gestion Prévisionnelle des Emplois et des Compétences (GPEC) et l’Intergénérationnel (qui inclut les dispositifs d’aménagement de fin de carrière) sont prévues au T1 2021 puis une nouvelle négociation intitulée « Mobilité et fluidité » aurait lieu en juin. Des interrogations, voire des inquiétudes, demeurent quant au contenu. Des « mesures d’âge » seraient introduites pour l’Intergénérationnel. La mobilité serait, soi-disant, réclamée par le personnel à travers le baromètre salarié, dont nous contestons régulièrement  l’interprétation abusive des résultats réalisée par la direction.
La négociation salariale n’est pas citée comme prioritaire, l’entreprise souhaite même la différer au mois de mai. FOCom y voit un mauvais signe pour les perspectives de reconnaissance financière en 2021 et demande un démarrage dès le T1 2021, compte tenu de l’attente des salariés.
Nous avons obtenu que la renégociation de l’accord Télétravail, très attendue également et maintes fois reportée en 2020, commence en  juin au lieu du S2 2021. L’entreprise déclare vouloir « faire évoluer le modèle social », FOCom veillera avant tout dans ses négociations à la préservation des droits et réclamera de nouveaux avantages pour tous les salariés d’Orange ainsi qu’une reconnaissance  légitime de leur investissement.

Télétravail low-cost à Orange

La ministre du Travail rappelle cette semaine que passer en télétravail ne doit pas être un coût pour le salarié. Il appartient à l’employeur de couvrir les frais engendrés par le télétravail. Une étude sur l’indemnisation des télétravailleurs a été menée par le cabinet ConvictionsRH, il en ressort que l’indemnisation des frais et l’équipement en mobilier est un enjeu prioritaire pour les télétravailleurs. Pourtant les résultats montrent que seulement 29% des télétravailleurs perçoivent une somme forfaitaire mensuelle et pour 84% des bénéficiaires, le montant varie de 20 à 200€/mois. A noter également que 18% des télétravailleurs ont bénéficié d’une prime exceptionnelle en 2020 liée à la crise sanitaire, et que pour 70% d’entre eux le montant variait de 500 à 1500 €. En comparaison d’autres entreprises (ex CANDIA 45 €/mois avec matériel fourni, MATMUT 3 € net/jour télétravaillé plus une aide à la restauration), Orange fait figure de parent pauvre en n’octroyant que 15 € HT/mois de confinement, étendu aux mois de décembre 2020 janvier et février 2021. Toute entreprise bénéficie, selon les règles URSAFF, de l’exonération des charges sociales pour le forfait mensuel : 10 euros par jour télétravaillé soit un maximum de 50 €/semaine pour un télétravail à temps plein. Les frais engagés par le salarié en télétravail y sont décrits : frais fixes (ex loyer, taxes habitation, taxe foncière…) et frais variables (chauffage, électricité…) ainsi que les dépenses d’acquisition de mobilier.
FOCom rappelle à l’entreprise, qui se prétend avant-gardiste sur ce mode d’organisation du travail, qu’elle a le devoir de prendre en charge toutes les dépenses supportées par ses télétravailleurs. Orange doit montrer l’exemple, le contexte de crise sanitaire et les difficultés des salariés l’y obligent d’autant plus.

Pandémie, télétravail et déconnexion

Depuis le début de la pandémie du COVID-19, le télétravail a augmenté en France de près de 30%. Les recherches d’Eurofound montrent que les personnes qui travaillent régulièrement à domicile sont deux fois plus susceptibles de travailler au-delà du maximum de 48h de travail par semaine, par rapport aux personnes qui travaillent dans les locaux de l’entreprise. Près de 30% de ces télétravailleurs affirment travailler pendant leur temps libre tous les jours ou plusieurs fois par semaine, contre moins de 5% des personnes travaillant sur site. L’augmentation du télétravail a donné lieu à une culture de la « connexion permanente » qui a une incidence négative sur l’équilibre vie professionnelle/vie privée. Bien que le travail à domicile ait contribué à préserver l’emploi et les entreprises pendant la crise du COVID-19, la combinaison de longues heures de travail et d’exigences plus élevées a aussi pour conséquence une augmentation des cas d’anxiété, de dépression, de burnout et d’autres problèmes de santé mentale et physique.

Heureusement, à Orange, FOCom a œuvré bien en amont pour obtenir des droits et des outils protégeant les salariés, leur santé et leur vie privée comme lors de la négociation de 2010 sur la vie privée/vie professionnelle. Précurseurs sur l’accord télétravail dès 2009, nous avons signé en 2016 les accords sur l’évaluation et l’adaptation de la charge de travail et sur le numérique. Reste que les importantes avancées obtenues doivent être connues et mises en pratique dans toutes les entités, ce qui n’est pas toujours le cas. Il faut également enrichir notre édifice social pour répondre aux nouveaux besoins liés à l’évolution technologique ou apparus avec la crise sanitaire. FOCom s’y emploie de toute son énergie en s’appuyant notamment sur vos témoignages et suggestions. Ce sera en particulier l’objet de la nouvelle négociation sur le télétravail.

PDM dans les starting blocks

FOCom avait négocié et signé un accord Plan De Mobilité (PDM) en avril 2018 marquant son engagement tant sur les conditions de transport des salariés que sur la préservation de l’environnement. Et ce, bien avant que la loi du 24 décembre 2019 d’orientation des mobilités (LOM) n’impose aux entreprises d’inclure le sujet de la mobilité durable dans leurs négociations.
Aujourd’hui l’accord Orange vient à échéance et une nouvelle  négociation débute. L’accord à venir devra inclure le forfait mobilité prévu par la LOM. D’un montant maximum de 500 € par an au 1er janvier 2021, il peut couvrir les frais d’utilisation d’un vélo personnel (et d’un engin de déplacement personnel motorisés (EPDM) comme la trottinette électrique personnelle à compter du 1er janvier 2022, le service de mobilité partagée de véhicules et 2 roues à faibles émissions, les frais de co-voiturage en tant que conducteur ou passager, l’utilisation de transport en commun hors abonnement. Le forfait mobilité inclut le remboursement obligatoire de 50% des abonnements de transports en commun et il est compatible avec les autres mobilités. A noter qu’il n’y a plus de contrainte de kilomètres parcourus ni d’interdiction du cumul de subvention sur un même kilomètre (cas de l’Indemnité Kilométrique Vélo actuelle et du transport en commun).
Tout en continuant à contester l’ancrage territorial, les grands projets immobiliers, la fusion des UI et les fermetures de boutiques qui rallongent, entre autres inconvénients, les temps de transport, FOCom souhaite au final un accord PDM équitable tenant compte des spécificités de chaque territoire, stable, durable, promouvant les transports doux et la multimodalité des usages. Tout en déployant les moyens nécessaires en termes de communication mais également en termes financiers afin de le rendre lisible et accessible pour tous les salariés.

Compte personnel de formation : mêmes droits pour tous

Contrairement aux salariés de droit privé, les fonctionnaires ne peuvent disposer à leur guise de leur compte personnel de formation. En effet, la formation  choisie doit obligatoirement être liée à un projet professionnel au sein ou en dehors de l’entreprise et validée par leur manager. Nombre de fonctionnaires se retrouvent en fin de carrière avec des droits qu’ils ne peuvent utiliser, malgré l’intérêt de ces formations pour leur avenir. Les droits au moment du départ à la retraite sont purement et simplement annulés et Orange économise les sommes liées aux heures de formation non payées. FOCom a demandé à la Direction, qu’à l’instar des salariés de droit privé, les fonctionnaires puissent bénéficier librement de leur compte formation et ce y compris pendant le TPS. A défaut, nous demandons à l’entreprise le versement d’une compensation, au moment du départ à la retraite, correspondant au montant restant sur ce compte.