Une étude réalisée sur les entreprises du CAC40 (Profil financier du CAC40, 12ème édition, EY § Ricol Lasteyre) montre une amélioration de leur chiffre d’affaires. Elles dégagent des résultats nets supérieurs à ceux d’avant crise 2008. On ne peut que s’en réjouir d’autant que cette forte croissance (+5%) est organique et non plus liée aux seules fusions et acquisitions. Cependant, outre des dividendes trop élevés, nous relevons avec regret que les entreprises du CAC 40 ne se saisissent pas de l’opportunité des taux d’intérêt très bas pour investir y compris en contractant des dettes à long terme. A l’inverse, ces entreprises ont renforcé leurs capitaux propres, se sont désendettées et ont réduit de manière significative leurs investissements.
Orange, malgré sa seconde place parmi les entreprises du CAC40 qui investissent le plus, n’échappe pas à ce constat. Or, le secteur du numérique nécessite de changer d’échelle si l’on veut jouer dans la cour des grands au niveau international. Il faut en particulier, au-delà des défis sur les réseaux, prendre toute notre place dans les innovations liées à l’IA, ce qui est très consommateur de capital. FOCom réitère sa détermination à défendre l’investissement et l’innovation, gages de la pérennité de notre entreprise, de sa capacité à gagner des parts de marché dans un contexte particulièrement tendu. C’est la raison pour laquelle nous contestons l’énorme pression sur les coûts, la masse salariale et les emplois exercée depuis des années par la direction. C’est également la raison pour laquelle nous nous élevons contre les injonctions contradictoires auxquelles les pouvoirs publics et les instances européennes soumettent l’opérateur historique au nom du dogme ultra-libéral de la concurrence. Comment déployer les réseaux, assurer la couverture du territoire, préserver les services de proximité d’un côté et ne pas « trop » investir, être « trop » performants de l’autre ?
Au-delà de ses conséquences sociales, cette politique représente à notre sens un véritable danger pour l’avenir d’Orange et de ses personnels.
L’innovation victime du dividende ?
Malgré les bons résultats du Groupe au 1er semestre 2019, la Direction a pointé un ratio EBITDAal – eCAPEX (Cash-Flow opérationnel) en décroissance. Selon elle, cela imposerait une baisse des coûts d’investissement pour atteindre ses objectifs 2019. En réalité, cette baisse des investissements correspond à une promesse faite publiquement par la Direction aux investisseurs pour leur garantir une marge et donc un dividende de haut niveau. Si les investissements Fibre et 5G restent incontournables, le budget innovation sera-t-il une fois encore victime de cette rigueur annoncée ?
Arrêt du projet Plate-Forme d’Accès
Projet PFA… quand « agilité » rime avec « fragilité »
Les salariés OLS (IMTW) viennent d’apprendre l’arrêt brutal et inattendu du projet PFA (Plateforme d’accès
internet fixe), à la veille de la phase de beta tests. L’ensemble est purement et
simplement remplacé par une solution externe. Cela pose plusieurs questions, aussi bien sur les choix
(ou errements) stratégiques, que sur la capacité à OLS à bien comprendre les enjeux de « l’agilité ».
Pour FOCom, le devenir des personnels concernés par le projet est plus que jamais d’actualité.
L’innovation, un enjeu pour l’avenir d’Orange
L’avenir, on le sait, appartient aux entreprises qui investissent dans la Recherche et le Développement. Le principe même de croissance dépend de la R&D. Conscient du retard européen, le Conseil de Barcelone avait fixé dès 2002 un objectif de 3% du PIB européen
pour l’investissement public et privé en R&D. Dans un contexte concurrentiel international extrêmement brutal, face aux multinationales (GAFAM1 et autres prédateurs disposant d’une force de frappe exceptionnelle), les opérateurs européens doivent rester en pointe de la technologie s’ils veulent survivre.
En matière de recherche, France Télécom a longtemps été exemplaire avec des inventions qui faisaient la fierté des salariés. FOCom ne cesse de revendiquer une politique beaucoup plus forte en termes de moyens humains et financiers. Or, la Recherche & Innovation d’Orange voit son budget global dégringoler : 726M€ en 2014, 705M€ en 2015, 683M€ en 2016…
La baisse est encore plus marquée sur la Recherche & Innovation interne aux Orange Labs : 504M€ en 2014 contre seulement 452M€ en 2016, soit une baisse de 10,3% en deux ans. On notera en revanche que les filiales qui financent principalement de la R&I
externe voient leur budget augmenter de 14,5% en moins de deux ans.
Le projet Nova+ (Orange a cherché à augmenter son agilité et sa réactivité face à une concurrence plus dure et variée, avec son programme Nova+, démarré en 2011 pour transformer l’innovation et accroître la productivité) indexait le budget R&I à hauteur de 1,9% du Chiffre d’Affaires du Groupe. On déplore que ce ratio soit désormais de 1,7%. Comme quoi, quand le CA baisse, le budget R&I baisse (c’était le cas en 2014 et 2015), mais quand le CA augmente (comme en 2016), le budget R&I baisse toujours…
Les promesses Nova+ ne sont donc pas tenues. Le budget Recherche est, quant à lui, à peu près maintenu (95M€ en 2014, 91M€ en 2016), sans doute pour rester proche du plafond de 100M€ donnant droit au Crédit Impôt Recherche de 33% (au-delà de 100M€, ce n’est plus que 5%).
La baisse des budgets R&I se répercute naturellement sur les effectifs des Orange Labs qui, cette année encore, payent un lourd tribut du fait des non-remplacements de départs massifs. Cette baisse est aggravée par une tendance forte à l’internalisation des tâches auparavant sous-traitées, avec une conséquence directe sur les charges de travail de ceux qui restent après le départ en retraite de leurs collègues.
FOCom demande d’appliquer une politique RH bien plus ambitieuse qu’actuellement en termes de promotions, de formations, de taux de féminisation…
1Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft.
Naissance d’Orange Content
L’heure est à la diversification pour les telcos, notamment vers des activités de contenus. Stéphane Richard a décidé de créer la direction Orange Content qui lui sera directement rattachée à partir du 1er septembre.
Côté stratégie, FOCom se souvient de 2010 quand Orange, considérant le potentiel de rentabilité des contenus trop faible, chercha à se débarrasser d’OCS via une joint-venture avec Canal+. Le CE Innovation avait résisté bec et ongles aux côtés des salariés et au final OCS est resté dans le groupe et les emplois ont été sauvés. Et la filiale est maintenant reconnue comme une «réussite exemplaire» avec ses 2,6 millions d’abonnés.
Aujourd’hui FOCom se félicite que l’activité Contenus remonte au plus haut de la stratégie d’Orange. Nos représentants au CE d’Imtw restent toutefois vigilants quant à la situation des personnels concernés par cette réorganisation.