Secteur Télécoms

Un retour à 3 opérateurs télécoms ?

Iliad (Free) et Altice (SFR) pourraient se rapprocher. Leur récent retrait de la Bourse faciliterait une fusion selon Ramon Fernandez, le directeur financier d’Orange qui précise que le marché verrait le nombre d’opérateurs télécoms en France “inévitablement” ramené de 4 à 3. Ces dernières années, les grands opérateurs ont réfléchi à des rapprochements mais les différentes tentatives de consolidation du secteur ne se sont pas concrétisées.

Depuis l’arrivée du 4ème opérateur, Free en 2009, FOCom dénonce l’hyper concurrence, organisée par l’ARCEP, qui a réduit fortement les capacités d’investissement des opérateurs et a conduit à des suppressions massives d’emplois dans le secteur. Cependant si un retour à 3 opérateurs est réalisé, nous exigerons le respect des personnels concernés,  le maintien de leur emploi, de leurs droits acquis et de leur statut.

Les GAFAM sur la sellette

Orange a participé au salon mondial du mobile à Barcelone. Les conférences ont pour objet le déploiement mondial de la 5G, la hausse de la demande pour les objets connectés provoquée par la pandémie, mais aussi certaines questions éthiques. « Comment empêche-t-on les fake news et la manipulation des médias ? Comment s’assurer que l’intelligence artificielle n’exclut pas les plus vulnérables ? » a prévenu Stéphane Richard. La pandémie a mis en exergue le rôle central des opérateurs, mais les GAFAM en continuant à développer fortement les usages, ont également profité de la crise pour accélérer dans l’e-commerce ou la visioconférence, accumulant encore plus de données ainsi que leur domination. FOCom dénonce depuis des années les effets négatifs des stratégies commerciales, économiques et fiscales des géants du net. Ils empiètent de plus en plus sur le métier des télécoms, concurrencent les opérateurs européens dans des conditions totalement dissymétriques, puisque ces mastodontes paient les taxes là où ils ont leur siège et réalisent des bénéfices considérables sur nos territoires sans créer d’emplois, ni payer d’impôts, ni investir. Jeudi 1er juillet, l’OCDE a annoncé que 130 de ses 139 membres avaient trouvé un accord sur une réforme fiscale mondiale qui pourrait générer 150 milliards d’euros de revenus supplémentaires par an dès 2023 (estimé à 5 milliards par an pour la France). Il comporte un taux d’imposition minimal de 15 % pour les multinationales ainsi que l’obligation pour les géants de l’Internet de payer des impôts dans les pays où leurs biens et services sont vendus. Le hic est que cet impôt est conditionné à un seuil de 10% de bénéfices par rapport au chiffre d’affaire qui permettrait d’ores et déjà à Amazon d’y échapper. Reste également à obtenir la validation du G20 et du Congrès américain divisé, et des paradis fiscaux comme l’Irlande…

Quant à l’utilisation des données et leur protection, cela est un enjeu de démocratie. Il devient urgent de consolider un environnement règlementaire et fiscal, mais également éthique adapté aux nouveaux usages et réseaux.

GAFAM et BATX s’attaquent au secteur bancaire : et Orange Bank ?

Une enquête menée par l’autorité française sur l’essor des technologies financières ou « fintech », publiée en avril pointe le risque de renforcement du pouvoir des géants du numérique comme les GAFA américains (Google, Apple, Facebook, Amazon) ou, à terme, les BATX chinois (Baidu, Alibaba, Tencent, Xiaomi).  Apple Pay, Google Pay, Amazon Pay, les poids lourds du Net offrent de multiples services de paiement. Ce statut d’initiateurs de paiement leur permet de « retirer des bénéfices significatifs, sans être pour autant soumis aux contraintes réglementaires » du secteur bancaire. Les mastodontes du Web peuvent exploiter des données sensibles sur les usages et sur les paiements. La  « pré installation dans certains téléphones de solutions de paiement sans contact » pourrait conduire au « verrouillage des consommateurs dans un écosystème donné » alerte le rapport. L’arrivée en force des Big Tech (GAFAM et BATX) dans les paiements représente un enjeu décisif pour les banques traditionnelles et une « possible remise en cause du modèle de la banque universelle » au service des particuliers. Orange Bank risquerait d’en faire les frais. Au point que Ramon Fernandez lui-même a tweeté : « Un débat nécessaire sur les conséquences de la possible remise en cause par les #GAFA du modèle de la banque universelle ». Pour FOCom, ce manque de régulation et de fermeté laisse place à tous les débordements des « BIG ».

Le modèle prôné par Free est-il viable ?

Depuis 2012, l’opérateur conteste l’approche commerciale qui permet à ses concurrents de vendre des smartphones à prix réduits en échange de la souscription d’un abonnement avec au moins deux ans d’engagement. Free s’entête dans ses procédures judiciaires. Il exige depuis 2018 que le tribunal de commerce de Paris ordonne la fin de ce modèle et a réévalué la somme du préjudice présumé. Pour Orange, il estime celui-ci à 790 millions d’euros et à 722 millions d’euros pour Bouygues. Soit un total de 1,512 milliard d’euros. Que se cache-t-il derrière ces procédures judiciaires ? Une vieille bagarre menée depuis des années par Xavier Niel. Selon le cabinet de conseil SIA Partners le modèle sans engagement, proposé depuis toujours par Free Mobile, ne permet pas de faire du mobile subventionné. C’est la raison pour laquelle Free a proposé une alternative avec la location, mais cela est compliqué à gérer et c’est un échec pour Free.  A défaut de proposition marketing de même valeur il alimenterait son compte de résultat par le fruit de ces procédures, si elles étaient gagnées… Pour Orange comme pour Bouygues la subvention de mobiles n’entrave en rien la concurrence. Le modèle de Xavier Niel, basé sur une concurrence exacerbée, continue de provoquer une pression considérable sur toute la filière, au détriment des salariés et de l’emploi.

Salariés kleenex à SFR

La crise sanitaire a décidément bon dos ! Certaines entreprises, qui tirent parfaitement leur épingle du jeu, prennent prétexte du Covid pour imposer rigueur salariale voire plans sociaux. C’est ainsi que SFR  vient d’annoncer la suppression de 1700 postes sur 9500, soit 18% des effectifs. Pourtant, à SFR comme ailleurs, les salariés se sont fortement impliqués malgré la crise actuelle, ce qui a permis une progression de 2,4% de son chiffre d’affaires en 2020, à 10,4 milliards d’euros et une amélioration de sa marge nette. Le groupe devrait en outre empocher 2,3 milliards d’euros, fruit de la cession de sa participation dans sa Tower Co Hivory.
Comble du cynisme, SFR prévoit d’embaucher 1.000 jeunes sur 4 ans… En prévision d’un énième plan social d’envergure ?