édito

Ne compter que sur nous-mêmes…

Les citoyens se sont exprimés, le président de la République a nommé. Il s’agit maintenant de savoir quelle politique va être menée, quelles mesures vont être prises pour répondre à une urgence sociale toujours plus présente. La cacophonie générée par le pouvoir en place, l’immobilisme du « traitement des affaires courantes » ont encore aggravé le quotidien de l’ensemble des salariés, fonctionnaires et retraités, marqué par des rémunérations trop basses, un pouvoir d’achat en berne et des conditions de travail difficiles.

On se doute de la réponse. La prévision du déficit public vient d’être revue à la hausse (près de 5,6 %) pour 2024. Voilà qui augure, une fois de plus, d’une politique d’austérité dont les classes moyennes et les citoyens les plus vulnérables vont être, encore et toujours, les premières et principales victimes. Au regard de ses engagements passés à la Commission européenne et compte tenu de son idéologie politique, on peut (doit) craindre que le nouveau 1er ministre s’attachera à mener au mieux cette politique de rigueur, déjà annoncée comme inévitable par le ministre de l’Économie. Comme d’habitude, nos gouvernants manquant cruellement d’imagination, la tentation sera de privilégier une politique de l’offre qui contraint la croissance économique : carnets de commandes des entreprises vides, réductions d’emplois, hausse du chômage, ralentissement de la croissance. C’est une spirale calamiteuse, voire mortifère.

Réduire les déficits publics, c’est faire rentrer de l’argent dans les caisses de l’État par une politique de la demande. Pour FO, cette évidence économique passe prioritairement par la hausse générale des salaires, le dégel du point d’indice et la revalorisation des pensions et minima sociaux. À cela il faut ajouter la conditionnalité des aides, la réindustrialisation et la hausse des investissements dans la recherche (nouvelles technologies, transition écologique). Les services publics, à commencer par l’hôpital et l’éducation, doivent être renforcés. Ils sont garants et vecteurs de l’égalité entre citoyens, un des piliers de la démocratie.

Quels que soient nos interlocuteurs, nous devons faire avancer ces revendications justes, NOS revendications, que nous portons avec détermination, dans le cadre de notre indépendance et sur le strict terrain syndical. Pour cela, nous ne pouvons compter que sur nous-même.

FO a saisi le conseil d’État pour exiger l’abrogation de la réforme des retraites. Nous sommes les seuls. Nous ne pouvons vraiment compter que sur nous-mêmes !

Compter sur nous-mêmes, également pour assumer les «  révolutions » dans nos secteurs d’activité. Révolution « douce » à la Branche Télécom, avec un développement constant en termes d’adhésions et des résultats en hausse, de nouvelles implantations, comme chez SFR par exemple…Un travail de fourmis, notamment dans les TPE, au service des salariés malmenés dans un secteur où les droits sont encore à conquérir ; l’investissement de ses militants fait grandir la Branche Télécom au sein de notre Fédération.

N’obtenir que 9,88 % aux dernières élections à Orange a été une vraie révolution, un véritable cataclysme. Cela nous oblige à nous battre pour reconquérir cette représentativité perdue. Nous le devons, non seulement pour notre organisation mais, aussi et surtout pour les personnels que FO ne peut plus représenter au sein du dialogue social que requièrent l’évolution de l’entreprise et la stratégie mise en place. Alors que la répartition de la valeur créée n’est pas favorable aux salariés, faisant la part belle aux actionnaires, le recentrage d’Orange sur son cœur de métier, couplé à une politique d’austérité n'a comme objectif que la recherche de profits. Il est indispensable et urgent de reprendre notre place pour faire aboutir nos revendications dont la défense du pouvoir d’achat n’est pas la moindre.

Le Groupe La Poste, quant à lui, devient méconnaissable pour les plus anciens postiers. De fusions en acquisitions, de croissance externe en suppressions d’emplois, l’entreprise tente de garder le cap en résistant à la baisse historique du courrier et aux déboires de sa Banque. Chaque jour, les militants FO Com accompagnent et soutiennent des agents et cadres de tout niveau, trop souvent malmenés, dont le travail est insuffisamment reconnu. Le nouveau dialogue social, avec la mise en place, au 1er novembre prochain, des comités économiques et sociaux, ne doit pas encore accroître leurs difficultés. Il nous appartient donc de garder et d'amplifier l’essentiel : être au plus près des postiers et les défendre en faisant du collectif syndical la vraie force de demain. Les nouvelles instances représentatives du personnel, véritable révolution sociale et syndicale, doivent être l’opportunité de renforcer et de développer nos syndicats. Développement, reconquête, victoires, combat pour la justice sociale, la liberté et la paix : pour tour cela, nous ne pouvons compter que sur nous-mêmes.

Christine BESSEYRE