Ne pas critiquer les pourfendeurs des 35h

L’Inspection générale des affaires sociales (IGAS) a réalisé un rapport qui évalue les « politiques d’aménagement et de réduction du temps de travail dans la lutte contre le chômage ». Celui-ci constate que des dispositifs tels que les 35h peuvent contribuer à réduire le nombre de demandeurs d’emploi. Il montre que la réduction du temps de travail n’est pas propre à la France avec une baisse de – 9,2 % á – 13,3 % en Allemagne, en Espagne, en Italie et aux Pays-Bas entre 1998 et 2013. Les lois Aubry, qui ont permis de créer 350.000 postes sur 1998-2002, et les 35h n’auraient pas eu un effet négatif sur la compétitivité : la France est l’un des pays qui a le mieux maîtrisé l’évolution de ses coûts salariaux et le prix des produits n’est pas le seul paramètre qui influe sur les performances des entreprises à l’exportation. Si la France a subi des pertes de parts de marché, elles n’ont rien d’exceptionnel par rapport aux autres pays européens, abstraction faite de l’Allemagne. «Les politiques du temps de travail peuvent ouvrir des pistes d’amélioration qui ne doivent pas être négligées», même si elles sont loin de fournir à elles seules des solutions au chômage de masse.
Bouclé en mai ce rapport n’a pas été communiqué au gouvernement (c’est Le Monde qui vend la mèche). Il a sans doute le défaut rédibitoire de contrecarrer les postures idéologiques d’économistes ultra-libéraux ou de think tank comme l’institut Montaigne dont le directeur Laurent Bigorgne martèle que «les Français ne travaillent pas assez». Bertolt Brecht suggérait de dissoudre le peuple qui vote mal. De même il faut mettre sous embargo une expertise dissonante.