Secteur Télécoms

La Nouvelle Zélande interdit à son tour les équipements de réseaux 5G de Huawei

Après les Etats-Unis, l’Inde et l’Australie, la Nouvelle Zélande opte à son tour pour l’exclusion des équipementiers chinois de ses réseaux 5G. Pour des motifs de sécurité nationale, elle vient d’interdire à son opérateur Spark le recours à des équipements de Huawei Technologies. De nouveaux pays pourraient suivre.

Nouveaux bruits autour d’un retour à 3 opérateurs

Stéphane Richard avait affirmé en juillet qu’un retour à 3 opérateurs est inévitable. Ramon Fernandez, directeur financier d’Orange, est allé dans le même sens la semaine dernière à Barcelone, lors d’une conférence Morgan Stanley déclarant qu’une « fenêtre de tir » pour de nouvelles discussions va s’ouvrir au premier semestre 2019. Pour lui, si Orange peut être “un facilitateur parce que nous pensons que cela pourrait être bon pour nous », il estime cependant que « nous n’allons pas conduire un processus parce que nous sommes trop puissants pour le faire ». Il fait ainsi référence au fait que l’ARCEP, régulateur des télécoms, ne laissera jamais Orange racheter l’un de ses concurrents pour éviter un déséquilibre trop important au niveau des différents concurrents restants.

Le sujet est un vieux serpent de mer mais il demeure un enjeu essentiel pour l’avenir du secteur. A FOCom nous estimons en effet que si la convergence peut diminuer la tension sur les tarifs et augmenter la capacité d’investissement des opérateurs restants, il faut rester extrêmement mobilisés pour défendre l’emploi et le statut des salariés.

Retard sur la 5G : à qui la faute ?

FOCom s’est déjà inquiétée du retard pris au niveau européen et français sur la 5G. Comme de nombreux experts du domaine, l’Idate, think tank européen spécialisé dans l’économie numérique, tire la sonnette d’alarme. Relevant que l’investissement par habitant dans les télécoms s’élève à 194 € aux États-Unis, contre 92 € en Europe, il calcule qu’il manquerait “50 milliards d’euros d’investissement par an dans l’Union européenne” pour que le Vieux Continent fasse jeu égal avec le pays de l’Oncle Sam.
Nous en avons maintes fois dénoncé la cause : contrairement à leurs homologues américains, les opérateurs européens soumis au dogme concurrentiel et à la politique consumériste des institutions en place, ont vu leurs revenus et donc leur capacité à investir diminuer fortement après des années de guerre des prix. En France, 6 ans après l’arrivée de Free Mobile et de ses offres à prix cassés, cet affrontement néfaste se poursuit entre Orange, SFR, Bouygues Telecom et Iliad… Avec l’aval d’une majorité parlementaire qui a rejeté, lors de la discussion de la loi PACTE le 28 septembre, deux amendements visant à interdire la vente à perte dans le domaine des services, et donc à stopper la pratique destructrice de certains opérateurs télécom qui bradent de l’ADSL à 5 ou même à 2€ par mois alors qu’ils louent la ligne support à plus de 9€.
Des pratiques et des décisions qui empêchent, mécaniquement, les opérateurs, déjà fortement engagés par leurs obligations dans la fibre et la 4G, d’investir comme il conviendrait dans les réseaux de demain.

L’école 42 de Niel épinglée pour ses procédés de vidéosurveillance

L’école 42, la pépinière de Xavier Niel dont nous avions déjà dénoncé les conditions de formation (journées à rallonge, « lits » dans les couloirs… ce qui rend d’ailleurs l’accueil de filles quasiment impossible), vient d’être épinglée par la CNIL pour sa vidéosurveillance excessive. Lors d’un contrôle réalisé en février 2018, l’autorité a constaté que « des caméras filmaient en permanence les espaces de travail des étudiants, les bureaux dédiés au personnel administratif ainsi que des lieux de vie » et que les personnes filmées n’étaient pas suffisamment informées du procédé.

Free favorisé dans l’attribution des fréquences

L’Arcep a arrêté ce 23 octobre la réattribution des fréquences en vue de l’arrivée de la 5G. Trois des fréquences déjà utilisées pour la 4G seront recyclées au profit de la 5G : 900 MHz, 1800 MHz et 2100 MHz. Chaque opérateur se voit attribué un spectre sur chacune de ces fréquences.
Sur la fréquence 900 MHz Free Mobile ne dispose actuellement que d’un spectre de 5 MHz, deux fois moins large que celui de ses concurrents. Or, plus le spectre est large, plus la quantité de données transmise est importante. Free verra celui-ci passer à 7,6 MHz tandis que celui d’Orange, Bouygues Telecom et SFR sera ramené à 8,7 MHz pour la période du 25 mars 2021 au 8 décembre 2024.
Free s’avère aussi nettement gagnant avec la fréquence de 2100 MHz. Actuellement, il dispose d’un spectre large de seulement 5 MHz, contre 14,8 MHz pour Bouygues Telecom, 19,6 MHz pour Orange et 19,8 MHz pour SFR. A compter du 21 août 2021, les quatre opérateurs auront un spectre de 14,8 MHz sur cette bande 2 100 MHz pour la 5G.
L’opérateur de Xavier  Niel s’avère donc largement gagnant car il pourra proposer des débits et une qualité de services équivalents aux offres de ses trois rivaux sans qu’il soit tenu compte des efforts passés pour acquérir ces fréquences. Bien plus, dans le cadre du New Deal Mobile où l’Arcep impose 5 missions aux opérateurs en contrepartie de l’attribution des fréquences, Free échappera à l’obligation d’améliorer la couverture des routes et des chemins de fer. Cette contrainte ne concerne en effet que les lauréats de la bande 1800 MHz pour laquelle Free ne s’est pas porté candidat.
L’Arcep a décidément une curieuse conception de son rôle de régulateur de la concurrence.