Le « trou de la sécu » : un tour de passe-passe bien pratique

A propos du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) 2020, le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, a récemment avoué : « Il y a d’autres choses que nous n’avons pas intégralement compensées, ayons l’honnêteté de le dire ; et comme nous ne l’avons pas intégralement compensé, cela se retrouve dans les déficits. » Pratique interdite par la loi Veil du 25 juillet 1994 qui prévoit une compensation intégrale par l’État des allègements et exonérations de cotisations sociales pour les caisses de Sécurité sociale, celle-ci n’ayant pas à porter la charge des allègements du coût du travail (dont l’efficacité en termes de créations d’emploi reste par ailleurs à prouver). Exonération des cotisations salariales sur les heures supplémentaires, des pensions des retraités modestes, réduction du taux de CSG, forfait social… la Commission des comptes de la Sécurité sociale évalue à 3,4 milliards les pertes de recettes pour le régime général et le fonds de solidarité vieillesse, ce qui contribue grandement aux 5 milliards d’euros de déficit prévu pour 2019. Cette « politique des caisses vides » consistant à diminuer les recettes des comptes de la protection sociale via de nouveaux dispositifs d’allègements de cotisations sans les compenser, creuse les déficits. Ce qui permet, outre de piller l’argent de la protection sociale, de préserver le mythe du « trou de la Sécu » qui sert à justifier la destruction de notre système de soin et de l’hôpital public. Ce que FO dénonce vigoureusement.