Une perfusion sans fond(ement)

Les aides publiques au secteur privé explosent avec la crise sanitaire. Elles représentaient 65 Mds d’euros avant la crise de 2008-2009. Elles sont passées à 110 Mds en 2011 et 150 Mds par an après la mise en place en 2013 du crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE). Soit un bond de 230% en moins de 15 ans. On en rêverait pour le PIB ou les salaires !
Les aides publiques au secteur privé dépassent désormais le montant des aides sociales (famille, pauvreté, logement soit environ 138 Mds €). Mais tandis que les aides sociales sont soumises à toujours plus de contraintes, par exemple pour accéder au chômage quand on est privé d’emploi, les aides aux entreprises sont accordées sans rien exiger en retour, sinon d’incertains « engagements volontaires ». Confidentialité des affaires et secret fiscal obligent, il n’existe aucun suivi précis et public des montants et de leurs bénéficiaires de ces fonds publics. Il n’y a, a fortiori, ni transparence ni contrôle sur l’usage qui en est fait. On sait néanmoins que la pandémie a accentué la politique d’aides massives au secteur privé sans contrepartie, sans conditionnalité d’intérêt général. Ainsi le chômage partiel payé sur fonds publics pendant la crise n’est conditionné à rien. Les aides sont dispensées aux entreprises même si elles disposent d’une trésorerie suffisante et qu’elles continuent à verser de confortables dividendes à leurs actionnaires. Par exemple Total et Sanofi sont soutenues par les pouvoirs publics bien qu’elles aient respectivement octroyé 7 Mds et 4 Mds de dividendes et qu’elles continuent à supprimer des emplois.
Alors que de nombreux salariés et secteurs de l’économie souffrent terriblement de la crise, il serait temps de mettre en place une politique au service de l’intérêt général et de cesser les détournements sans condition des ressources de l’Etat au profit d’intérêts privés.