Secteur Télécoms

Pour Soriano, le confinement n’est que prétexte

Sébastien Soriano, président de l’ARCEP, s’est une nouvelle fois distingué, mercredi 22 avril au Sénat, par son ressentiment irrationnel envers les opérateurs.

En plein confinement, il les a enjoints à plus d’efforts dans le déploiement de la 4G, les menaçant de sanctions s’ils ne respectent pas leurs engagements : « Nous ne voulons pas nous transformer en garde-chiourme mais nous ne sommes pas naïfs pour autant » a-t-il déclaré. Ce qui a fait réagir le président de la FFTélécoms, Arthur Dreyfuss : « Ses propos sont insultants pour les équipes qui sont sur le terrain et qui prennent des risques chaque jour ». Nous n’aurions pas dit mieux !

Nouvelle politique industrielle à Bruxelles ?

Dans une interview au Figaro du 3 mars, Thierry Breton, nouveau commissaire européen en charge de la politique industrielle a déclaré : « La politique industrielle en Europe ne peut plus être conduite avec pour seul but de réduire les prix pour le consommateur. Nos entreprises à la base de nos emplois, de nos progrès et de notre souveraineté doivent être replacées au cœur de nos politiques. » Avouant ainsi le rôle néfaste de l’Union Européenne sur l’activité des entreprises, il nous promet un changement de politique qui sera présenté par la commission le 10 mars prochain. Nous attendrons donc pour voir. Mais le reste de l’interview ne peut que nous inquiéter quand il dit « Il n’est pas question de perdre les bénéfices de la libre concurrence. La lutte contre les situations de monopoles et de rentes est nécessaire. » Comprenez la lutte contre les opérateurs historiques dont l’existence est insupportable aux yeux des libéraux Bruxellois. Thierry Breton a laissé un souvenir pour le moins douloureux chez France Télécom. Espérons qu’il aura un peu plus d’égard pour le monde du travail et l’emploi dans sa « nouvelle » politique industrielle.

L’Arcep s’attaque de nouveau à Orange

Dans une interview aux Echos le 6 février Sébastien Soriano, le président de l’Arcep a annoncé qu’il allait durcir la régulation, la rendant encore plus tatillonne.

Sa cible reste explicitement l’opérateur historique jugé trop puissant sur les télécoms d’entreprise. Il prévient : le suivi sera beaucoup plus fin sur les offres fibre d’Orange dédiée aux entreprises. Il impose ainsi une baisse des prix immédiate de l’option de qualité sur la fibre FTTH pour les entreprises. Car le grand credo de cet ultralibéral demeure la baisse des prix (et l’affaiblissement d’Orange).

Il se félicite donc une nouvelle fois de la concurrence des 4 opérateurs sur le marché grand public, oubliant les dégâts sur l’emploi, sur la capacité à investir et à tenir tête à la concurrence des GAFAM. Mais, dans le même temps (comprenne qui pourra) il reproche à Orange de trop baisser ses prix sur ce qu’il appelle « la fibre historique » ( ?!), dédiée aux entreprise : «les prix bas d’Orange pourraient empêcher des concurrents d’apparaître plus compétitifs auprès des PME». Avec sa mauvaise foi coutumière, il reconnaît qu’Orange « a joué le jeu en créant les conditions d’entrée d’un nouvel opérateur, Kosc réclamé par l’Arcep » pour assurer une phrase plus loin : « Je ne veux pas faire de procès d’intention, mais nous redoutons qu’Orange soit tenté de tout faire pour conserver sa position dominante. »

Tout est à l’avenant : sur le cuivre il faut baisser le prix pour inciter à la fermeture. Mais maintenir la qualité du réseau car « il ne faut surtout pas abandonner les clients qui n’ont aujourd’hui que le cuivre pour téléphoner et accéder à Internet. »

En fait, selon Sébastien Soriano, Orange est trop cher mais pas assez cher ; Orange en fait trop mais n’en fait pas assez. Finalement, le problème est-il Orange ou Sébastien Soriano ?

Quelle régulation avec la 5G ?

Les enchères en vue de l’attribution des fréquences 5G en France auront lieu mi-avril avec l’objectif de permettre la commercialisation des premières offres en juillet. Cette nouvelle norme constitue un saut vers l’hyper connectivité. Le président de l’Arcep, Sébastien Soriano, considère qu’elle justifie un « renforcement de la régulation, aujourd’hui, fondée uniquement sur celle des réseaux et aveugle à ce qui se passe dans les objets » et estime « important que les opérateurs s’organisent pour bien être les maîtres de leurs infrastructures ». Il s’agit d’étendre la neutralité du Net aux terminaux et de veiller à ce que les échanges de communication entre les personnes et la collecte des données soient bien protégés. A cela s’ajoute la question environnementale, une surenchère des usages risquant d’induire une consommation énergétique croissante. L’Arcep envisage la mise en place d’un « baromètre vert des réseaux télécoms, qui puisse informer les pouvoirs publics et les utilisateurs de l’impact de leurs usages et de travailler à la mise en place de bonnes pratiques avec les opérateurs ».
Ceci dit, le président du « gendarme des télécoms » préconise une régulation limitée aux « big tech » plutôt qu’étendue au numérique « car si vous régulez aussi les petits, vous prenez le risque de les handicaper ».
Si l’on suit bien cette logique, les grandes entreprises devront être « vertes » et rester strictement dans les clous tandis que les « petites » pourront braconner comme elles veulent. On voit bien où nous a mené ce genre de régulation asymétrique !

Les Français méfiants vis-à-vis de l’impact écologique du numérique

Selon le baromètre du numérique révélé ce mercredi, 44% des Français envisagent désormais le numérique comme une menace alors que 38% y voient une chance, au sens global. La tendance s’est inversée en 10 ans puisqu’en 2008, 53% des personnes interrogées envisageaient le numérique comme une chance et seulement 35% comme une menace.
Cette méfiance ne vient pas pour autant remettre en question les usages en ligne des Français. Mais ceux-ci s’associent de plus en plus d’une conscience écologique propre au numérique, puisque 80% des personnes interrogées souhaitent réduire l’empreinte écologique de leurs équipements et 69% souhaiteraient le faire pour leurs usages. Ainsi, 8 Français sur 10 se disent prêts à acheter des appareils d’occasion, ou à prolonger la durée de vie des leurs, et plus de 2 sur 3 envisagent de modifier leur comportement, notamment en modérant le visionnage en ligne de vidéos. C’est important car le streaming vidéo a un impact quasi équivalent à celui de l’industrie aéronautique, le pornographique en ligne étant une des principales source de pollution issues du streaming.
On retiendra aussi que si les Français expriment régulièrement de la méfiance vis-à-vis des médias traditionnels, elle ne nourrit pas pour autant une appétence pour l’information en ligne.
La télévision reste ainsi préférée à internet pour suivre l’actualité et la radio ou la presse écrite devancent toujours les réseaux sociaux (6%) qui disposent de la plus faible cote de confiance (8%), loin derrière la radio (37%), la presse écrite (42%) ou la télévision (51%).