Secteur Télécoms

Menaces de l’ARCEP : dans l’intérêt de qui ?

Le président de l’ARCEP, Sébastien Soriano, a de la suite dans les idées. Lorsqu’il était directeur de cabinet de la ministre du numérique Fleur Pellerin, il a commis le plan de déploiement du Très Haut Débit, le plus inepte de tout le monde occidental. Il a donné les clefs du déploiement aux politiques locaux avec le grand succès qu’on connait (les RIP, la balkanisation des réseaux, la fracture et l’inégalité des territoires, les retards, les monstrueux surcoûts, etc…) Aujourd’hui, en difficulté pour justifier sa régulation aussi pertinente que son action de dircab, il se tourne à nouveau vers les politiques. Mercredi 18 septembre à Marcq en Bareul, il a fait un plaidoyer contre Orange largement relayé par la presse. Comment justifier d’attaquer l’opérateur qui investit le plus massivement pour déployer les réseaux ? Facile, il suffit de dire que cela ne va pas assez vite et de prendre à témoin les élus dont les administrés sont évidemment demandeurs du déploiement le plus rapide possible. Après avoir organisé la gabegie, Sébastien Soriano en rend Orange responsable.

Mais rassurez-vous, pendant ce temps-là les GAFAM se frottent les mains…

Les acteurs européens des télécoms à la peine

L’analyse du TOP 50 des opérateurs mondiaux 2018 montre une nouvelle fois que les Européens ont des difficultés à se maintenir à flot alors que les américains ATT, NTT et Verizon caracolent en tête en termes de chiffre d’affaires et que China Mobile grimpe de la 8ème à la 3ème place entre 2008 et 2018. Seule Deutsch Telekom ne perd qu’une place en passant de la 4ème à la 5ème position. Orange a chuté de la 6ème place avec 53,5 Md€ de chiffre d’affaires à la 12ème position avec 41,4 Md€. Sa marge d’EBITDA (Revenus – Charges liées à l’activité comme les salaires, la publicité, les loyers…) se situe à 31,4% du CA avec 13 Mds €. Son niveau d’investissement s’est maintenu à 7,4 Mds soit 18% du CA, ce que l’on peut estimer insuffisant au regard des enjeux. En particulier le taux de 1,7% du CA affecté à la R§D est loin des efforts consentis par certains concurrents comme Amazon, Microsoft ou Facebook qui y consacrent entre 12 et 18% de leur CA. Nous savons, et l’avons maintes fois dénoncé, que cette situation est pour une bonne part la conséquence de la politique ultra-libérale imposée par l’Union européenne. La concurrence artificiellement créée et alimentée à coups de privatisations, de dérégulations et de sanctions (voir notre brève du 3 septembre concernant la requête d’Orange contre l’ARCEP) pèse inexorablement sur les résultats. Ceci n’épuise pas la question des choix stratégiques de la direction d’Orange en termes d’investissement notamment dans l’innovation. Ces thèmes seront parmi ceux que nous aborderons avec Stéphane Richard lors de notre table ronde « Orange à la croisée des chemins » le 27 septembre. Nous vous invitons à vous y inscrire.

Écran noir à la télé sur fond de bras de fer entre Free et Altice

Depuis minuit, les quelque six millions d’abonnés de Free ne reçoivent plus directement les chaînes télé du groupe Altice : BFMTV, RMC Découverte et RMC Story ont disparu des Freebox. Le litige est financier. Altice, déjà rémunéré par Bouygues Telecom, SFR, et CANAL+, réclame environ quatre millions d’euros à Free pour l’autoriser à diffuser ses chaînes et ses services associés, par exemple le replay. Free trouve la somme exagérée et comme l’accord de distribution entre les deux groupes est caduc, la justice lui a ordonné l’arrêt de la diffusion sous peine de pénalités, cent mille euros par jour et par chaîne.
Ce conflit, dont les abonnés de Free font les frais, met en lumière un modèle de la télévision qui est en train de changer. On reçoit aujourd’hui la télévision essentiellement par les box et demain ça sera à 95 % par la fibre. L’Hertzien et le satellite vont disparaître. Les plateformes SVOD se multiplient et transforment l’univers de la télévision. Les GAFAM sont arrivés et ont transformé le marché de la publicité. Les grandes chaînes n’auront bientôt plus les moyens de produire des films et des séries. Comment seront réalisées et financées la création et l’information dont on déplore déjà l’indigence ? Et dans cette jungle, comment protéger les utilisateurs ?

Amende record mais indolore pour Facebook

Amende record mais indolore pour FacebookLa Federal Trade Commission (FTC) : l’autorité de la concurrence américaine a condamné le réseau social à payer cinq milliards de dollars (4,43 milliards d’euros) pour avoir mal protégé les données de ses utilisateurs et laissé Cambridge Analytica, un prestataire de la campagne présidentielle de Donald Trump, aspirer des millions de profils de membres. L’action de Facebook a alors grimpé de 1,8 %, à près de 205 dollars, atteignant son plus haut niveau depuis un an. L’amende apparaît comme une «tape sur la main» pour l’entreprise de Mark Zuckerberg dont la rentabilité reste impressionnante : un chiffre d’affaires trimestriel en hausse de 26 % à 15 milliards de dollars et un bénéfice attendu en 2019 de 22 milliards de dollars.

Les GAFAM enfin taxées ?

L’Assemblée Nationale a donné jeudi 4 juillet son ultime feu vert au projet de loi visant à instaurer une taxe sur les géants du numérique. Le texte doit encore être soumis au Sénat le 11 juillet pour être adopté définitivement par le Parlement. La taxe vise les entreprises qui réalisent un chiffre d’affaires sur leurs activités numériques de plus de 750 millions d’euros dans le monde, dont 25 millions d’euros pouvant être rattachés à des utilisateurs localisés en France. Elle sera de 3% du chiffre d’affaires réalisé en France notamment sur la publicité ciblée en ligne, la vente de données à des fins publicitaires et la mise en relation des internautes par les plateformes. Certes il s’agit d’une première avancée vers la justice fiscale en attendant une décision de l’Organisation de Coopération et de Développement Economiques (OCDE), mais à un niveau notoirement insuffisant quand on le compare avec le chiffres d’affaires et les bénéfices réalisés par ces multinationales qui font leurs affaires sur nos territoires sans investir ni créer d’emplois… et jusqu’à présent sans payer d’impôts.