Secteur Télécoms

Quelle politique pour les télécoms ?

FOCom tient à réaffirmer, entre deux tours d’élections politiques, son attachement au maintien de l’État dans le capital d’Orange. Nous craignons que le nouveau gouvernement soit tenté par une privatisation totale qui, au cours actuel de l’action rapporté aux 23% qu’il possède encore, lui rapporterait au bas mot 9 milliards d’argent frais.
Un désengagement de l’État mettrait gravement en péril la stabilité de l’actionnariat au moment où les rumeurs de prise de contrôle de l’opérateur par Vivendi de Vincent Bolloré vont bon train, les synergies et convergences entre télécoms et médias rendant crédibles un tel scenario. Vivendi maison-mère de Canal+ contrôle, rappelons-le, Telecom Italia.
Déployer les réseaux du futur et affronter la concurrence internationale sur les technologies innovantes engagent l’avenir industriel national. Si nous pensons nécessaire une consolidation du secteur afin de sortir d’une guerre des prix destructrice, nous estimons que l’Etat a la responsabilité de sécuriser les opérateurs qui investissent et de veiller à préserver l’emploi et les statuts des personnels.

Nous saurons rappeler nos revendications quelle que soit l’issue du scrutin.

En pleine guerre des fréquences

Les opérateurs télécoms réclament depuis longtemps une politique en matière de fréquences mieux coordonnée, les durées des licences variant à travers l’Europe entre 10 et 15 ans, sauf en Grande-Bretagne qui les attribue sans limite de durée. Dans le cadre du projet du marché européen unique des télécoms, la Commission européenne a proposé en septembre dernier que les États harmonisent pour une durée de 25 ans l’attribution des fréquences mobiles aux opérateurs. Ce à quoi s’opposent 15 États membres de l’Union européenne, hors la France. Ils refusent un quelconque mécanisme de contrôle des réglementations nationales sur l’attribution des fréquences mobiles (qui représentent une manne de plusieurs milliards d’euros). Ils tournent une nouvelle fois le dos à une approche axée sur l’investissement ce qui nécessite des licences plus longues sécurisant les entreprises qui veulent opérer sur une plus grande échelle et concurrencer les opérateurs américains.

Fin des frais d’itinérance à partir du 15 juin

Un accord validé au parlement européen concrétise la promesse d’une Union Européenne sans frais d’itinérance, fruit d’une réforme de marché unique numérique, initiée depuis une décennie au sein de l’UE. Exit donc pour les clients, à compter du 15 juin 2017, l’obligation de s’acquitter des frais de roaming facturés, qui découlaient d’une utilisation de leur smartphone hors frontières. Si cette mesure constitue une bonne nouvelle pour des millions d’utilisateurs européens, il n’en est pas de même pour les opérateurs qui auront désormais à leur charge l’acheminement des communications voix et data, sur les réseaux tiers hors pays de résidence de l’abonné.
Ainsi, le prix de gros du giga octet facturé, qui a déjà subi une baisse de 90% depuis 2007, continuera sa décroissance pour atteindre 2,5€ à l’horizon 2022. Il y a fort à parier que cette ressource financière perdue pour les opérateurs ne se traduira pas par une hausse équivalente des abonnements ou forfaits téléphoniques. Cela ne va pas arranger la situation d’un secteur constamment sous pression (voir à ce sujet notre questions de fond « touche pas à ma boîte » ).

Le président de l’ARCEP contre une consolidation du secteur

Sébastien Soriano, le président de l’Arcep, a de nouveau affirmé publiquement que « la consolidation n’est ni nécessaire, ni souhaitable. » Alors qu’il constate que le marché des télécoms a retrouvé le chemin de la croissance pour la première fois depuis la guerre des prix enclenchée par l’arrivée de Free Mobile en 2012, il estime qu’une énième tentative de fusion entre opérateurs pourrait interrompre la dynamique actuelle : « Un nouveau cycle de négociations entre opérateurs ferait à nouveau perdre deux ans au secteur. Or c’est le moment d’investir dans la fibre. » Nous soulignons une nouvelle fois l’incohérence de la posture du régulateur : constat des difficultés du secteur dues à la concurrence, injonction à poursuivre l’investissement (dans la fibre et la 4G) et opposition à une réduction du nombre d’opérateurs.

Free obtient un financement européen pour déployer la fibre

Iliad, la maison mère de Free, vient de recevoir un nouveau financement de 200 millions d’euros de la Banque Européenne d’Investissement (BEI) pour ses projets dans la fibre en France. Elle a déjà bénéficié de 150 millions d’euros en 2010 et de 200 millions d’euros en 2012, ce qui porte donc l’enveloppe totale à 550 millions. Ce type de financements permet à Free de bénéficier de taux bas sur une durée longue de treize ans. Or, les banques traditionnelles sont peu enclines à accorder des prêts sur des durées aussi étendues, et certainement pas à des taux aussi attractifs que ceux de la BEI. L’opérateur dit avoir pour objectif de déployer 9 millions de prises à la fin de l’année 2018, et 20 millions en 2022. À la fin du troisième trimestre 2016, il en revendiquait 4 millions. Fidèles aux principes claironnés par les institutions et les régulateurs européens de concurrence loyale entre les telcos, nous espérons seulement que la BEI a les mêmes largesses pour tous les opérateurs qui lui en font la demande !