Secteur Télécoms

Le charme, peu discret, du parasitisme

Orange pourrait écoper cet automne d’une amende colossale, les services d’instruction de l’autorité de la concurrence ayant estimé dans leur rapport rendu le 17 juin qu’Orange aurait abusé de sa position dominante sur le marché entreprise au détriment de ses rivaux par des “pratiques anti-concurrentielles”.
Incité par l’ouverture ainsi offerte, SFR Numéricable, dirigé par “l’irréprochable” Patrick Drahi, a lancé illico fin juillet une nouvelle procédure en justice contre Orange et réclamé plus d’1/2 milliard € de dommages et intérêts. Gratter des millions sans investir un euro ni créer une quelconque valeur, obtenir réparation de sa propre infériorité, voilà la logique d’un système pervers où les régulateurs, censés encourager l’investissement, freinent au contraire celui qui met le plus de moyens techniques et humains. Car au final que reproche-t-on à Orange ? Ses trop bons résultats, produits de son exceptionnel réseau et de ses incomparables forces commerciales : environ 10.000 salariés dédiés aux entreprises en France, contre moins de 1.000 chez Bouygues Telecom et une misère chez SFR/Numéricable (qui, soit dit en passant, aurait perdu 1,2 million d’abonnés mobile en un an).
FOCom s’insurge contre cette logique destructrice. L’autorité de la concurrence, l’ARCEP, les tribunaux, les pouvoirs publics comme les institutions européennes doivent une fois pour toutes se positionner clairement pour la croissance et non en faveur du parasitisme.

Faire rendre gorge à l’ogre Google ?

Parmi les difficultés que rencontrent les opérateurs européens pour dégager des marges, il y a la concurrence des GAFA dont FOCom dénoncent les pratiques depuis longtemps. “Optimisation fiscale” et position ultra dominante sont permises par des institutions européennes davantage occupées à installer la concurrence entre les entreprises de leur périmètre qu’à les protéger des prédateurs américains (et autres). Il semblerait qu’enfin la commissaire européenne à la concurrence consente à sanctionner Google pour “abus de position dominante”. Le moteur de recherche qui représenterait 90% du marché pourrait se voir infliger une amende d’un montant équivalent à 10% de son chiffre d’affaires soit 6 milliards €. Ce serait un bon début.

Les dés pipés de la bataille de la 4G

Orange et SFR sont (enfin!) autorisés par l’ARCEP à exploiter en 4G la bande de fréquences 1800 MHz jusque-là dévolue à la 2G. A compter du 25 mai 2016. On se souvient que Bouygues Telecom avait été le premier et le seul en octobre 2013, à bénéficier de cette possibilité. Ce qui lui avait permis de prendre l’avantage en matière de couverture 4G lors du lancement de son réseau. FOCom avait alors souligné cette distorsion de concurrence. Orange qui avait tout misé sur le 800 MHz lors des enchères pour la 4G, avait, sans succès, porté l’affaire devant le Conseil d’Etat.
Aujourd’hui c’est surtout Free, autorisé au “refarming” à compter du 1er janvier 2015, qui va profiter de l’opération car Orange et SFR doivent, “en contrepartie”, restituer une partie de leurs fréquences qui seront réattribuées à la société de Xavier Niel. Au nom de l’équité entre les quatre opérateurs. Étrange conception de l’équité.

Le scandale du sous-équipement des zones rurales

Vous avez peut-être vous aussi pesté pendant vos vacances contre le manque de débit voire l’absence totale de couverture affectant encore certaines campagnes et certains villages (comme Antigny dans la Vienne où il faut descendre jusqu’à la lanterne des morts pour téléphoner ou passer un SMS !). D’une manière générale, les habitants des zones rurales sont fortement pénalisés et cette situation d’inégalité tout à fait scandaleuse est confirmée par les chiffres de l’Arcep : le débit descendant moyen en zones rurales est de 6,1 Mbits contre 21,6 dans les zones denses. Le manque d’infrastructures est évidemment en cause. À qui la faute ? À une logique purement mercantile qui tourne le dos à la logique égalitaire de service public qui a prévalu pour l’équipement du pays en téléphonie fixe. L’opérateur historique, tant décrié aujourd’hui, avait pu investir tout en appliquant un même tarif à vos grands-parents d’Antigny sur Gartempe qu’à votre domicile de la Défense. Quand les pouvoirs publics vont-ils enfin prendre les mesures pour imposer un service minimum aux opérateurs (à tous ou alors en donnant les moyens nécessaires à celui qui en aura la charge : concurrence oblige) ?

QS dans les transports, encore du boulot pour les opérateurs

Cette année l’ARCEP a également étudié la qualité de service dans les transports. Dans les TGV, les appels passent mieux chez Orange et Bouygues Telecom obtient le moins bon résultat. Sur les autoroutes, Bouygues et SFR sont les moins qualitatifs, Orange et Free sont à égalité. Dans le métro parisien, seul SFR, qui a déployé son réseau plus tôt, sort du lot.
Côté Web, Free obtient les moins bons résultats dans le TGV, devant BouyguesTel également en retrait. Orange et SFR sont à égalité. La moyenne de réussite pour ouvrir une page dans un délai de 30 secondes n’est que de 65% (43% pour un délai de 10 secondes). Cette moyenne tombe à seulement 32% dans le métro parisien.