Secteur Télécoms

Les enjeux de la transformation digitale

La table ronde s’est tenue le 25 juin à la Confédération FO. Un débat très riche s’est déroulé entre Stéphane Richard, PDG d’Orange, Pascal Pavageau secrétaire confédéral en charge du secteur économique, Jean-François Paulin, enseignant chercheur spécialiste du droit du travail, Marc-Eric Bobillier Chaumon professeur en psychologie du travail, Etienne Castillo assistant confédéral interlocuteur FO pour la mission gouvernementale sur le numérique confiée à la Bruno Mettling et Martine Bayard DSC d’Orange. Un compte-rendu sera bientôt à votre disposition.
FO dénonce d’ores et déjà la décision du Sénat de retirer le burn out des maladies professionnelles.

Achat de Bouygues Telecom : la vie des autres

La proposition de Drahi de racheter Bouygues Telecom pour 10 milliards € a donc été rejetée par le conseil d’administration de BT. C’est une bonne nouvelle car, derrière cette opération qui reposait sur un nouvel envol de l’endettement colossal (43 Mds €) du groupe Altice, ce sont des milliers de suppressions de postes qui se profilaient parmi les 11.800 de Numericable-SFR et les 7.500 de Bouygues Telecom. Si nous pensons qu’un coup d’arrêt à l’hyper concurrence entre opérateurs est nécessaire en Europe ce doit être au bénéfice de l’emploi et de l’investissement, du service dû au public, de l’équipement numérique pour tous et de l’innovation. Tout cela ne peut être sacrifié par des aventuriers irresponsables qui jouent nos vies avec un argent qui n’est même pas le leur.

Les enjeux de la transformation digitale

La digitalisation ne peut se réduire à un énième changement organisationnel classique. Certains prédisent une transformation en profondeur idyllique de l’organisation de l’entreprise et de son mode de gouvernance, avec plus de responsabilisation pour les salariés, une plus grande autonomie dans le travail, un nouvel équilibre entre vie privée et vie professionnelle, etc. Mais face à ces promesses d’un avenir numérique radieux, il existe de vrais dangers notamment en matière d’emploi, d’évolution des métiers, de collectifs de travail, de conditions de travail, de droit du travail. Ces thématiques seront abordées lors du colloque organisé par FOCom le 25 juin et seront au cœur des négociations qui s’ouvriront le 2 juillet.
Nous avons le plaisir de vous inviter à notre table ronde « Digitalisation du travail, une maîtrise indispensable » qui se tiendra le 25 juin 2015 de 14 h à 18 h à la Confédération Force Ouvrière Salle Léon-Jouhaux 141 avenue du Maine Paris 14ème

La commissaire à la concurrence dans le déni

Contre toute évidence (voir notre dernière inFOactus), la commissaire européenne à la Concurrence, Margrethe Vestager, persiste à prétendre que la concurrence exacerbée en Europe n’est pas nocive pour l’investissement. Elle affirme même que l’arrivée de nouveaux entrants et notamment de Free Mobile a eu des effets positifs : “Après cette entrée, le niveau global des investissements dans les télécoms en France a augmenté (!) et demeure à des niveaux plus élevés que lors de l’arrivée de Free”. Ce qui la conduit à s’opposer à “une consolidation excessive” (?). Le dogmatisme libéral rend-il sourd et aveugle ? En tout état de cause on peut légitimement s’interroger : pour qui roulent les commissaires européens, malheureusement relayés par nos ministres ?

Écart creusé entre opérateurs européens et américains

Une récente étude du cabinet Mazars confirme le décalage entre les sommes investies par les opérateurs télécoms des deux côtés de l’Atlantique. Entre 2006 et 2013, les montants investis, en cumulé, par les 4 principaux opérateurs télécoms américains (ATT, Verizon, Sprint, T-Mobile US) ont bondi de 39% ; dans le même temps, ils diminuaient de 5% chez les 7 grands opérateurs européens (Orange, Deutsche Telekom, Vodafone, Telenor, TeliaSonera, Telecom Italia et Telefonica). La tendance est encore plus marquée dans le mobile, en partie en raison de l’avance de 2 à 3 ans prise par les américains dans la 4G.
Ce décalage dans investissement tient essentiellement au fait qu’entre 2006 et 2013, les revenus des 4 américains ont augmenté de 51%, quand ceux des 7 européens baissaient de 7%. Et c’est surtout l’évolution du revenu moyen par abonné (Arpu) qui justifie cet écart : sur la période étudiée, l’Arpu des premiers est resté à peu près stable (–3%), celui des seconds chutait de 35%.
Ces chiffres nous confortent dans la dénonciation de la politique consumériste et concurrentielle menée actuellement en Europe. En encourageant l’arrivée de nouveaux acteurs – à l’instar de Free en France – les régulateurs ont tiré les prix vers le bas et donc les revenus.
FOCom réclame à nouveau une politique propice aux investissements et au rétablissement d’une situation concurrentielle plus équilibrée entre l’Europe et ses concurrents. Cela passe par une réduction du nombre d’opérateurs en Europe. Ce que ne semble toujours pas comprendre le ministre français de l’économie puisqu’il réaffirme le 22 mai que “l’heure n’est pas à la consolidation en France”.