Secteur Télécoms

À qui profite la disparition de la FFT ?

Créée en septembre 2007, afin de faire parler d’une seule voix les acteurs du secteur, en particulier sur les questions de fiscalité (notamment pour dénoncer les pratiques des GAFA) et d’investissement, la Fédération Française des Télécoms est aussi l’interlocuteur des pouvoirs publics pour les écoutes anti-terroristes.
Elle se prépare aujourd’hui à se dissoudre en raison de la défection de Numericable-SFR qui va vraisemblablement entraîner le retrait de Bouygues Télécom, 5 ans après celui de Free.
La disparition de la FFT laissera les pouvoirs publics sans interlocuteur représentant le secteur au moment où se posent les questions cruciales de la sécurité du territoire et du déploiement du très haut débit. Et elle va retirer le peu de cohérence du secteur face à la concurrence américaine et asiatique beaucoup plus concentrée et organisée.

Google s’attaque à la téléphonie mobile

Le géant américain de la recherche et de la publicité en ligne, opérateur de fibre optique et laboratoire de la recherche technologique, semble avancer dans son projet d’étendre son empire à la téléphonie mobile. Il pourrait non seulement étendre ses réseaux fibrés depuis des antennes ou des ballons mais aussi devenir opérateur virtuel (MVNO) en louant les réseaux de Sprint et T-Mobile, respectivement troisième et quatrième opérateurs aux Etats-Unis. Une raison supplémentaire pour que les autorités européennes et nationales prennent enfin les mesures propres à protéger le marché et les opérateurs européens.

Le loup dans la bergerie

La décision de Bouygues Télécom de commercialiser une nouvelle box fonctionnant avec le système d’exploitation mobile de Google nous interpelle. Pour commencer par rapport au choix du géant américain connu pour sa fâcheuse disposition à échapper au fisc. Mais c’est surtout le modèle économique qui est en cause. Embarquer Android dans la box revient à céder le contrôle des applications, des programmes et des contenus à Google et à sa formidable force de frappe : télévision, communication des objets, vidéo à la demande, services Web… vont échapper aux opérateurs télécoms qui vont être réduits à de simples fournisseurs de tuyaux. Leur avenir n’a jamais été aussi menacé ce qui ne peut nous laisser indifférents.
Et il est également inquiétant que Big Brother puisse exploiter sans limites les informations des clients à des fins commerciales et publicitaires.

L’ARCEP continue à vouloir la peau d’Orange

Le nouveau président de l’ARCEP Sébastien Soriano s’est déclaré favorable à la fin du contrat d’itinérance entre Free et Orange dès 2016 lors de son audition devant la Commission des affaires économiques de l’Assemblée nationale. Il n’a donc même pas attendu son investiture le 28 janvier pour mettre en cause les échéances prévues dans le contrat soit 2018. Cela satisfera certainement le président de l’Autorité de la concurrence Bruno Lasserre et la plupart des concurrents d’Orange. C’est un très mauvais signe pour nous. Cet ancien directeur de cabinet de Fleur Pellerin qui avait participé à notre table ronde en juin 2013 ne nous a manifestement pas entendus lorsque nous demandions qu’on cesse de modifier sans cesse les règles du jeu et de prendre des mesures systématiquement défavorables à l’opérateur historique. Or ce sont 700 millions annuels qui sont subitement retirés à Orange et “ce revenu finance presque à lui seul l’investissement annuel dans notre réseau mobile en France” comme l’avait souligné Pierre Louette directeur général adjoint de FT. Décidément notre mot d’ordre “touche pas à ma boîte” reste plus que jamais d’actualité !

Liberté de la presse

L’actualité pose dramatiquement la question de la liberté de pensée qui suppose libertés d’expression et de la presse. Une des conditions de ces libertés réside dans la pluralité des médias. La concentration des organes de presse est potentiellement nuisible comme l’a montré l’expérience anglaise avec le magna Robert Maxwell dont le quasi monopole a beaucoup fait pour l’édification une pensée unique éditoriale. C’est à ce moment qu’on apprend que Patrick Drahi 4ème fortune de France, propriétaire de Numériable/SFR veut acquérir l’Express et l’Expansion en plus de Libération et de quelques télévisions. Comme son concurrent Xavier Niel 8ème fortune qui cumule Free, le Monde, l’Obs et Télérama, il s’agit pour lui de se rendre maître des tuyaux et de leurs contenus multimédias pour accroître une influence et leur fortune. La liberté n’a rien à y gagner.