Actu générale

Le nouveau patron des patrons

Geoffroy Roux de Bézieux patron du fonds d’investissement Notus Technologies vient d’être élu à la tête du Medef. C’était le candidat réputé le plus libéral. Mais, comme l’a souligné Pascal Pavageau, le secrétaire général de FO, au-delà de l’homme, la vraie question est quelle ligne, quelle politique le Medef va suivre demain. FO attend du nouveau président du Medef qu’il revienne à la table de la négociation interprofessionnelle et « rappelle tous les bienfaits du paritarisme ».

PACTE : un cheval de Troie truffé de cavaliers législatif

Alors que plusieurs dispositions du projet de loi PACTE (plan d’action pour la croissance et la transformation des entreprises) concernent directement les travailleurs et le social, aucune concertation avec les organisations syndicales ne s’est tenue. Parmi les dispositions les plus inquiétantes pour FO figurent l’augmentation des seuils sociaux conduisant à exonérer de plus en plus d’entreprises des obligations qui leur sont liées – en particulier celle de prévoir un local syndical ou de rédiger un règlement intérieur – la multiplication des exonérations de forfait social accentuant encore davantage la perte de recettes pour les comptes sociaux, ou encore le désengagement de l’État du capital de certaines entreprises, ouvrant la voie à de nouvelles privatisations. À cela s’ajoutent des dispositions relatives à l’épargne retraite, nullement évoquées lors des concertations en cours sur la réforme des retraites. Comme l’unification des produits d’épargne dédiés aux salariés pour préparer leur retraite, au sein d’un compte avenir (ce qui fait craindre pour le PERCO plébicité par les salariés d’Orange).
Une nouvelle fois, le gouvernement fait le choix d’ignorer la consultation préalable des organisations syndicales en présentant un projet dans l’intérêt unique des entreprises : si PACTE il y a, c’est assurément avec le patronat qu’il a été conclu.

Quand les patrons du CAC40 se goinfrent

En 2017, les patrons du CAC40 ont gagné 187 millions €, soit 4,68 millions en moyenne, l’équivalent d’environ 263 SMIC. C’est 7,8% de plus qu’en 2016 tandis que les dépenses moyennes par salarié des mêmes entreprises n’a augmenté que de 1,8 % entre 2016 et 2017 – plus de 4 fois moins. La rémunération des dirigeants est en effet de plus en plus alignée sur les bénéfices réalisés par les actionnaires, ce qui explique qu’elle augmente au même rythme que les dividendes, plutôt qu’au rythme des salaires normaux. Ne serait-ce pas de ce côté et du côté des dividendes qu’il faudrait demander des « efforts considérables » (voir « les recettes du patronat ») ?

Les recettes du patronat

Le Medef a publié ce 6 juin un volumineux document « pour peser dans le débat public ». L’organisation patronale juge possible de doubler la croissance, à 2,5% par an « à condition de mener collectivement des efforts considérables pour l’adaptation de notre système productif ». Une curieuse conception du collectif puisqu’il s’agit surtout de faire peser encore davantage ces « considérables efforts » sur les salariés et les ménages. Par exemple il faut, selon le patronat, toujours pas rassasié par les multiples cadeaux fiscaux dont il bénéficie depuis des années, « taxer davantage le revenu ou la consommation que les facteurs de production pour faire moins porter l’effort social et fiscal sur la production locale. Cette mesure de « dévaluation fiscale » réduit le coût du travail pour les entreprises et stimule l’offre ».  Le hic c’est qu’en taxant davantage la consommation on réduit la demande et l’offre risque de tourner à vide. On voit bien que derrière ces arguties, le vrai sujet pour le patronat, c’est de baisser le coût du travail.

Au programme du Medef : sortir du social et du paritarisme

Pour Olivier Klotz, candidat pour succéder à Pierre Gattaz à la tête du Medef le 3 juillet, «Le travail des partenaires sociaux ne sera plus de négocier des accords nationaux interprofessionnels -ou alors marginalement- ou de gérer des organismes sociaux en concurrence». Un programme qui sonnerait le glas du modèle social français que FO a contribué à mettre en place et que nous défendons. Ce modèle a en effet permis que 93% des salariés soient protégés par une convention collective ou un statut. Et que les organismes (tels que la sécurité sociale, l’assurance chômage ou la gestion collective de la formation professionnelle…), financés par du salaire différé, soient logiquement gérés paritairement. A noter que FO combat d’ailleurs les tentatives actuelles du gouvernement qui tendent à limiter voire supprimer le paritarisme et à contourner le syndicalisme.