Orange

Le cuivre sous haute tension

Dans un rapport publié jeudi 8 avril, l’Arcep dénonce à nouveau le caractère « vieillissant » du réseau cuivre d’Orange et une qualité de service « particulièrement dégradée à certains endroits ». Dans le même temps, une mission parlementaire signale « la colère montante issue des territoires, en particulier hyper-ruraux, qui subissent depuis des années la dégradation de l’entretien et de la maintenance du réseau historique sur cuivre ». Elle estime qu’Orange « est insuffisamment incité à remplir ses obligations avec sérieux » et propose d’instaurer un système de sanctions.
A FOCom nous déplorons depuis longtemps le manque de moyens internes dévolus au réseau et son abandon à la sous-traitance, responsables d’une dégradation inadmissible du service rendu aux clients. Mais nous dénonçons également les injonctions paradoxales dont l’opérateur historique est en permanence l’objet : déployer rapidement la fibre, sur fond de concurrence exacerbée, tout en maintenant, seul, un réseau cuivre fortement dégradé, extrêmement coûteux pour une population marginale, et voué à une extinction la plus rapide possible. Plus que de menaces et de nouvelles sanctions n’est-ce pas d’une politique de soutien à l’investissement et à l’emploi dont a besoin Orange, tournant enfin le dos aux orientations ultralibérales qui fragilisent  le secteur des télécoms ?

Orange Bank : face aux rumeurs

De nombreux articles de presse se sont fait l’écho de l’intention d’Orange de se séparer de sa filiale bancaire compte tenu de sa mauvaise santé financière. Stéphane Richard a immédiatement désamorcé ces bruits. Dès le 4 mars, via une communication aux personnels du Groupe et dans une interview au Figaro, il a assuré « le Groupe ne souhaite pas vendre Orange Bank qui reste un projet stratégique pour Orange ». Après avoir affirmé que « la répartition du capital n’est pas aujourd’hui d’actualité », Groupama demeurant « un partenaire commercial de long terme », il s’est toutefois dit ouvert à l’arrivée d’un nouvel actionnaire qui « permettrait certainement à Orange Bank d’accélérer encore son développement ».
Pour FOCom la diversification est un facteur clé pour conserver, valoriser nos clients et ainsi capter des parts de marché via la différenciation. Comme tout investissement, cette activité a besoin de temps pour exprimer pleinement son potentiel notamment en termes de profitabilité. Et nous veillerons à ce que les personnels engagés dans ce secteur soient respectés quelles que soient les décisions qui seront prises concernant l’éventuelle ouverture du capital d’Orange Bank.

TOTEM, la TowerCo européenne d’Orange

En janvier 2018, la signature du « New Deal », entre le gouvernement, l’ARCEP et les Opérateurs mobiles, vise à généraliser une couverture mobile de qualité sur l’ensemble du territoire Français. Orange estime que le besoin croissant de couverture n’est pas prêt de s’arrêter et envisage de confier la gestion de son infrastructure passive à une structure dédiée, HoldCo, détenue par Orange SA. Pour rappel, en France, les Telco devront répondre à un ensemble d’obligations fixées par le régulateur des télécoms dans le déploiement de leurs antennes 5G. Chaque opérateur devra implanter 3.000 nouveaux pylônes d’ici 2022, 8.000 en 2024 et enfin 10.500 en 2025, ce qui constitue une pression réglementaire supplémentaire pour Orange. La création de cette HoldCo est une véritable aubaine financière pour le groupe, génératrice de cash avec ses 40 000 sites européens, dont 17.500 en France. L’objectif est bien d’accroitre la rentabilité des pylônes et des toits-terrasses en accueillant le plus d’opérateurs possible, avec les conséquences que cela peut engendrer vis-à-vis de la concurrence. Dans ce dossier, présenté en CSEC le 16 février, FOCom déplore, une fois de plus, l’absence d’éléments chiffrés sur les perspectives économiques et financières. Le capital de cette holding sera-t-il ouvert à d’autres investisseurs ? Orange bénéficiera-t-elle d’emplacements de qualité sur les sites afin de préserver la qualité de son réseau ? Quant au volet social et RH, nous ne pouvons que déplorer le manque de transparence et d’études sur les impacts humains, avec une gestion « au cas par cas » qui n’est pas à la hauteur des ambitions de ce projet. Sur ce point, nous alertons la Direction sur le sort des salariés en Dbis (classification interne à Orange SA et sortant du cadre de la convention CCNT). Leur situation doit faire l’objet d’une négociation collective afin d’empêcher toute déqualification en bande D et d’assurer que ces salariés soient requalifiés en bande E sur leur filiale.

Orange s’engage dans l’e.santé

Sanofi, Capgemini, Generali et Orange ont annoncé le 25 janvier la création d’une société commune en France pour mutualiser leurs expertises dans le domaine de la santé et du numérique. « L’ambition est d’accélérer le développement de solutions concrètes en matière de santé et leurs mises à disposition sur le marché au bénéfice des patients », ont détaillé les quatre entreprises qui prévoient un investissement initial de 24 millions d’euros. Ce projet d’une ampleur unique en Europe rassemblera les meilleures expertises scientifiques et technologiques françaises et européennes, avec  une plateforme numérique opérationnelle en juin et un lieu physique à Paris en décembre. A l’heure où la pénurie des doses de vaccins anti-Covid met en lumière les carences de la recherche médicale et du système de soin en France et dans la communauté européenne, on ne peut que se féliciter de cette initiative axée sur la recherche et le développement concentrés sur des thèmes ciblés pour une ou deux années et qui pourront « s’articuler autour d’une technologie, d’une pathologie, d’une population de patients ou être en lien avec un sujet de santé publique « .

Orange Concessions : les vrais enjeux

Afin de soutenir son investissement dans la fibre optique dans les zones moins denses et de mieux valoriser ses infrastructures, Orange avait annoncé la création d’une filiale Orange Concessions à laquelle pourraient se joindre des investisseurs. Vendredi la Direction a annoncé la cession, pour fin 2021, de 50 % d’Orange Concessions, valorisée à 2,675 milliards d’euros, à un consortium formé par La Banque des Territoires (Caisse des Dépôts), CNP Assurances (CNP) et EDF Invest. Concernant le danger de perdre la maîtrise de sa filiale qui sera le premier opérateur en France des réseaux de fibre optique jusqu’à l’abonné (FTTH), la Direction se veut rassurante : Orange « disposera d’une option d’achat à terme lui permettant de prendre le contrôle et de consolider Orange Concessions“.
L’enjeu ne concerne en effet que le contrôle d’Orange Concessions. C’est important car OC a vocation à devenir le premier opérateur en France des réseaux de fibre optique jusqu’à l’abonné (FTTH). Mais ces réseaux sont déployés et opérés par divers opérateurs en concurrence pour le compte des collectivités territoriales ce qui veut malheureusement dire que les infrastructures déployées par Orange à travers les RIP ne lui appartiennent pas. Car, et on ne cesse de le regretter, le gouvernement a fait le choix, dès 2012, de l’émiettement du réseau FTTH en dizaines de réseaux d’initiatives publiques (RIP) qui relèvent des collectivités territoriales… avec la gabegie que l’on sait en termes de finances publiques dilapidées et de mise en œuvre retardée. Reste que, pour FOCom, Orange doit absolument conserver la maîtrise de son cœur de métier et de ce qui fait « sa différence », ses réseaux et ses infrastructures, son appareil industriel efficace et éprouvé avec lequel l’entreprise doit continuer à assurer le déploiement et la maintenance. Et nous nous opposerons de toutes nos forces à toute velléité de scission ou de bradage de ses meilleurs atouts. Il en va de son avenir et de celui de son personnel.